07.08.2014 par LR
num.241 septembre 2014 p.16
Et si le 1er août n'existait pas ?

Qu’aurait-on pu imaginer comme fête nationale si le 1er août n’existait pas ?

Drôle de question. En ces temps où les polémistes veulent fêter le 500ème anniversaire de la bataille de Marignan (1515), victoire des Français sur les Suisses, cela aurait-il été mieux, puisque depuis ce jour l’on dit que naquit la neutralité suisse. On aurait pu aussi fêter les succès de nos batailles sur Charles le Téméraire ou la fin de la guerre du Sonderbund ou Winkelried, un autre héros national qui sauva sa patrie par un acte glorieux mais inimaginable – du moins à nos yeux actuels – de se lancer à corps perdu sur une haie de hallebardes en position d’attaque. Quel sacrifice ! N’oublions pas St Nicolas de Flüe patron de ce pays, fêté le 25 septembre, qui bien des fois fut de bon conseil pour les gouvernants de l’époque. D’autres dates historiques auraient pu être aussi décidées pour une fête nationale avec défilés militaires et parade de ministres.
Mais en y songeant un peu plus profondément, je me dis que nos 3 Suisses (Walter Fürst, Arnold de Melchtal et Werner Stauffacher) avaient été bien inspirés par l’Esprit-Saint, Dieu ou quel qu’autre divinité supérieure. Cela dit, ils avaient certainement cette foi inébranlable du montagnard qui croyait en notre faculté de s’imposer face à l’adversité. Ils avaient le courage de se battre pour affirmer leur volonté d’indépendance, de se gouverner par eux-mêmes, sans avoir toujours un bailli, un seigneur, un roi ou un maître à penser qui dicte sa loi. Mais il fallait aussi l’intelligence, la ruse et la finesse d’un noble guerrier, Guillaume Tell, pour oser défier la supériorité malsaine d’un intrus hiérarchique.
C’est peut-être cette fierté et cette noblesse, cette pureté d’âme et de sentiments qui ont convaincu nos trois héros de la Suisse centrale à devoir s’allier et à édicter notre pacte national, et cela au nom du Dieu Tout-Puissant, prônant l’alliance et la solidarité entre tous, la paix et la prospérité, sans aucune belligérance envers d’autres voisins. On n’aurait pas pu faire mieux. C’est peut-être aussi la base de notre neutralité, de notre sécurité et de notre paix durable. Certes, rien n’a été simple au cours des siècles, mais à bien y réfléchir, notre petit pays au centre de l’Europe a une mission à remplir : Etre un modèle d’humanité, de stabilité, de solidarité, de liberté et d’entente entre les peuples dans la diversité de nos langues, de nos cultures, de nos religions, de nos pensées et agissements. Dans l’humilité, c’est notre force et ce feu, notre lumière qui sans cesse doit briller au cœur de la croix de notre drapeau national.
Alors soyons fiers de notre pays quelles qu’en soient ses difficultés.   Lucette Robyr

 

auteur : Lucette Robyr

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