07.05.2014 par ro
num.238 mai 2014 p.12
Courrier des lecteurs

PLQ Dégallier-Lachenal : des logements pour nos enfants - vraiment ?

On peut comprendre les citoyen/ne/s qui ont déploré le succès du référendum lancé par l’AHQLac, arguant de la suppression de logements projetés et/ou du retard pris par le projet, vus sous l’angle de la peine qu’ont nos enfants à se loger. Sur cet aspect-là justement, voyons cependant quelques chiffres.
Selon les statistiques, la population du canton augmente d’environ 3’000 à 6’000 âmes par an. Cette augmentation se compose du solde migratoire, exclusivement étranger (3’000 à 4’000 âmes) et de l’excès de naissances sur les décès (1’600 naissances par an). La statistique fédérale montre de plus que ces enfants naissent dans les couples d’immigrés. Sans les immigrants, la population genevoise (mais aussi suisse) diminuerait, même en tenant compte des naturalisations («Bilan» no 22 du 11.12.2013 p. 12).
Pour dire les choses abruptement, on ne construit donc pas des logements pour nos enfants, mais à cause des immigrants, même si ce n’est pas de leur faute (c’est nous, en Suisse, qui les faisons venir !), lesquels entrent en compétition avec la population locale dans sa quête de logements.

Chacun peut lire que cette immigration est due à l’attractivité de Genève, stimulée par la politique de la promotion économique cantonale, laquelle va vanter les avantages de la région jusqu’à San Francisco, Singapour, Hong Kong .... en y faisant miroiter des facilités fiscales. ...

Si les défenseurs du projet Dégallier-Lachenal veulent vraiment pouvoir loger nos enfants, ils doivent réaliser qu’il est impératif, pour commencer, de cesser d’attirer des entreprises étrangères par des cadeaux fiscaux, et faire pression sur leurs élus pour freiner cette fuite en avant. Certes, le PIB augmente, mais d’autre part le PIB par habitant n’augmente plus, la surface agricole diminue (d’1 m2 par seconde, soit 10 terrains de foot par jour, ou la surface du lac de Morat par année), on adapte les infrastructures dans une course (é)perdue, le chômage ne diminue pas, et la cohésion sociale (anti-exemple la xénophobie) est mise à mal.

Avec une densité de population (calculée sur le Plateau suisse) la plus élevée d’Europe, on ne peut tout simplement plus accueillir tout le monde (et je ne pense pas ici aux demandeurs d’asile) juste parce que c’est un peu mieux en Suisse qu’ailleurs. Ce n’est plus ici une affaire de xénophobie, mais une question de nombres : une augmentation de 5’000 habitants (quelle que soit leur origine) par année sur Genève n’est pas tenable, tout comme les 50’000 à 80’000 habitants de plus en Suisse. A moins de faire venir à l’avenir notre blé d’Argentine ou d’Ukraine ...

J.-F. Sauter, Versoix

auteur : rédacteur occasionnel

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