Bois sur Versoix
Castor
Eh oui !
La Versoix
Salamandre
Maître sanglier
22.04.2014 par JP
num.238 mai 2014 p.16
Garde-faune

 Starsky des Bois

Versoix dispose d’un ensemble forestier extraordinaire, où s’abritent une flore et faune diversifiées et précieuses, qui demandent une préservation des lieux quasi permanente. Didier Dubelly œuvre en tant que garde de l’environnement depuis treize années pour la commune versoisienne, et présente une profession, encore méconnue du grand public mais qui influe particulièrement sur la biodiversité de la ville.

Les gardes de l’environnement restent la cible d’idées reçues comme les « flics verts » ou « ennemis des promeneurs de canidés », leur job ne se résume pas à cela. Ils ont pour mission de veiller sur la faune, la flore et la pêche, sur des milieux lacustres, agricoles et forestiers dictée par le canton. Une grande partie du temps consiste à prévenir les citoyens sur les attitudes à adopter en nature. Sensibiliser la population aux sujets des attitudes à avoir en plein air est très important, nos discours doivent avoir un impact sur la durée. "Derrière chaque intervention, il y a un but.", nous lâche le chef de poste. M. Dubelly insiste particulièrement en ce moment de reproduction pour le gibier, sur l’obligation des maîtres d’attacher leur(s) meilleur(s) ami(s) du 1er avril au 15 juillet « Les possesseurs de chiens ne peuvent pas savoir qu’un faon ne porte pas d’odeur à sa naissance, et si le canidé le renifle, c’est la mort assurée pour le petit ». Une mise en garde essentielle pour la reproduction des cervidés, qui doit s’opérer dans le calme, loin des tracas occasionnés par les promeneurs et leur(s) compagnon(s). La ville à cet effet, a établi trois réserves servant de zone de repos et devenus interdits pour toute visite humaine.

Cependant, un autre ennemi des animaux n’est toujours pas mort : le braconnage, activité qualifiée de délit et passible de lourde peine pénales « Nous avons perdu la trace de quelques cerfs et retrouvé d’autres mourants, que nous exécutons afin d’abréger leurs souffrances. Ces enquêtes demandent du temps, nous jouons au jeu du chat et de la souris, mais pas avec les mêmes risques » confie-t-il. L’interdiction de la chasse a été approuvée par le peuple en 1974 sur tout le territoire cantonal, apportant en masse du gibier et particulièrement des sangliers, causant des ennuis sur les cultures paysannes. Les gardes de l’environnement régulent donc la population pour les bêtes à problèmes, avec un avantage sur la chasse. « Contrairement à un chasseur, pour tuer un animal il nous faut au maximum deux cartouches, contre dix ou quinze pour les braconniers », confirme M.Dubelly.

Le périple du garde-faune se prolonge par le bois des Douves, où l’on peut découvrir les différents projets entrepris par le service ainsi que les forestiers :

  • Un nombre incalculable d’exclos (petit espace réservé à la repousse des chênes, abrouti par le gibier) fleurissent de toutes parts.
  • Une quantité ahurissante de petites mares voient le jour, afin de permettre aux microcosmes de proliférer. M.Dubelly rassure les riverains sur l’arrivée en masse de moustiques dans la région et « J’entends dire à gauche et à droite, que le chikungunya et le moustique tigre vont arriver en masse, c’est absurde. Tout est paramétré dans la nature. Une majeure partie sera ingurgitée par les oiseaux, les araignées ou libellules. C’est un cycle, et puis le chikungunya ou le moustique tigre ne sont pas prêts d’arriver ici », assure-t-il. 

Un métier en nature, proche de ses citoyens et développant les meilleures conditions de vie pour la faune et la flore. Tous ces ingrédients donnent envie, mais le futur pour la profession reste sombre « Devenir garde aujourd’hui, me semble très délicat. L’Etat subventionne le service, nous coûtons plus que nous rapportons. Alors si des sacrifices financiers doivent s’opérer c’est l’environnement qui paiera les conséquences», conclut-il. La vie dans les bois versoisiens est vouée à un avenir radieux, un atout pour une ville comme Versoix, mais pour combien d'années?

auteur : Julien Payot

<< retour