Vanya Pesheva
Brigitte Siddiqui, l'organisatrice des concerts classiques aux Caves de Bon-Séjour et Vanya Pesheva
11.12.2013 par ro
num.235 fév. 2014 p.15
Reflets du dernier concert classiques aux Caves

Vanya Pesheva , l’énergie de l’espoir.

Les concerts classiques aux Caves de Bon-Séjour réunissent depuis dix ans, à l’invitation de la programmatrice Brigitte Siddiqui, un public fidèle. Se rendre à un concert le dimanche en fin d’après-midi est devenu une heureuse tradition pour une centaine de mélomanes versoisiens. Chacun trouve dans ce moment de musique, un plaisir simple et décontracté, accessible à tous.

Si le point d’orgue de l’année reste le Festival de guitare, les artistes programmés sont toujours de qualité et se révèlent être, parfois, exceptionnels. On les attendrait plus sur la scène d’un Victoria Hall qu’à leur affaire sur un piano d’appartement dans les Caves de Bon-Séjour. Il faut dire que les relations de la programmatrice opèrent en complicité avec les musiciens qui sont heureux d’être accueillis en toute simplicité par un public enthousiaste.

Et ce fut le cas, une fois de plus, ce dimanche 8 décembre avec le concert proposé par la pianiste bulgare Vanya Pesheva.
La concertiste est élégante. De sa voix fine, elle nous annonce son programme en anglais : Schubert, Chopin, Rachmaninov. Programme inattendu pour une personnalité douce. En apparence seulement car au piano l’énergie nécessaire est convoquée par sa grande maitrise pianistique. Non seulement la technique est prodigieuse mais la sensibilité met en lumière, dans un collier de notes à profusion, des perles mélodiques et les ruptures rythmiques chères aux romantiques. De la fougue pour convoquer les éléments : l’orage des sentiments et ses coups de foudre, l’aube timide et ses perles de rosée. Elle embrasse le tout avec une gestuelle et une aisance qui s’épanouit au fil du concert. Les applaudissements répondent à l’énergie bouleversante de la jeune femme.

Schubert sera juste, bien qu’un peu technique, mais la décontraction viendra.
Chopin tonique mais difficile à jouer sur un piano droit qui dessert l’artiste.
Transcendance avec Rachmaninov dont on devine que la concertiste n’a pas choisi pas hasard de finir avec lui. Le roulement des touches, les enlevées lyriques, les demi-teintes sont là, énergiques et d’une sensibilité féminine qui n’a rien à voir avec la minauderie.

Habituée de belles scènes internationales, la pianiste née à Sofia offrira un rappel venu de son pays : Nocturne Opus 59 composé en 1965 par Pantcho Vladigerov qui nous ferait penser à Debussy. L’interprétation nous saisit ; elle concentre le meilleur de l’artiste par la puissance d’expression, la finesse du jeu et la clarté. Une véritable performance avec l’instrument dont elle dispose.

Ainsi s’achève l’année classique 2013 aux Caves. Prenons déjà rendez-vous pour 2014 qui promet d’être riche en surprises et en talents.   

Olivier Delhoume

auteur : rédacteur occasionnel

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