18.06.2013 par AF
num.230 juillet 2013 p.15 Exceptionnelle soirée
Exceptionnelle soirée à l’Aula des Colombières : l’association parfaite du cinéma et de la musique
En prélude à la projection du film, le public a eu la chance d'entendre le concertiste argentin Luis Ascot interpréter avec brio, malgré un piano qui n'était sans doute pas à la hauteur de l'artiste, quelques pièces du célèbre compositeur argentin du XXe siècle Alberto Ginastera dont les magnifiques Tres Danzas Argentinas ainsi qu’un bis intitulé Milonga. Après le beau récital-hommage offert à Martha par Luis Ascot place au film Bloody Daugther. Les premières images nous dévoilent Stéphanie Argerich, la réalisatrice, en train d'accoucher d'un petit garçon. Martha à ses côtés, semble à la fois ailleurs, détachée, mais tendre et complice. Cette ambivalence du personnage Martha à la fois présente et éloignée, à la fois humaine et « déesse » se ressentira tout au long du film. Au premier abord, ces images d'une rare intimité peuvent paraître dérangeantes et de nature exhibitionniste. Pourtant, à la lumière du film, on comprendra qu'elles renferment un sens profond : le film traite de la filiation, des rapports complexes avec sa famille et surtout de l'acceptation de soi-même et de l'autre. Stéphanie cherche à comprendre d’où elle vient, elle qui est née dans une famille éclatée avec deux demi-sœurs, Lyda Chen, fille du chef d'orchestre Chen Liang-Sheng, et Annie Dutoit, fille du chef d'orchestre Charles Dutoit. « Bloody Daughter », surnom donné à Stéphanie par son père, est ainsi composé de ces instants de vie pris dans l'intimité, de quelques scènes tournées aujourd’hui ainsi que de nombreuses captations de concerts de Martha Argerich, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Le scénario, dont l’écriture est d’une grande finesse, dévoile les faits avec simplicité, sans tomber dans le pathétisme larmoyant. C'est l'histoire d'une famille complexe, éclatée, qui nous est dévoilée ici sans fard et sans tabou qui émeut par les émotions et la fragilité qui s'en dégage. Encore un grand merci à Marc Houvet et Brigitte Siddiqui pour cette belle soirée lors de laquelle l'excellente association du cinéma et de la musique a fait merveille. Espérons que l'expérience puisse se réaliser à nouveau prochainement. auteur : Alexandre Fradique
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