photo P. Dupanloup
18.10.2010 par LR
num.203 nov. 2010 p.24
Le chœur russe de Kaluga

Dans la série des concerts classiques des Caves de Bon-Séjour à Versoix, déplacée pour la circonstance à l’aula du collège des Colombières, la prestation du Chœur russe de Kaluga, fut un vif succès.
Mais revenons à ce merveilleux concert. Ecouter des chants russes que cela soit en musique sacrée orthodoxe, en musique classique russe, en chansons folkloriques, ethnographiques ou contemporaines (tel était le programme), c’est comme si l’on replongeait dans l’histoire du Dr Jivago. Il faut bien reconnaître, qu’écouter un chœur russe, voire les chants du pays, il y a quelque chose qui vibre en nous, qui touche la profondeur de notre âme. On ne peut rester insensible à la chaleur de leur voix, la gravité de leurs harmonies, la richesse de leurs tonalités. A travers leur musique, on sent aussi toute la souffrance séculaire d’un peuple soumis à la guerre, à l’oppression, à la misère, à la lutte incessante pour sauvegarder son patrimoine, sa dignité, sa foi, sa culture. Est-ce de là que viennent leurs si belles voix ?
Celles du Chœur étaient bien unies, vivantes, et celles des solistes pleines d’intensité chaleureuse, les timbres sonores mais mélodieux. Quant à l’enfant soliste, qui chanta le Panis Angelicus de César Franck, sa voix de cristal revêtait beaucoup de sensibilité et incitait à la prière.
Avec quel plaisir nous avons découvert au son de l’accordéon ou de la balalaïka, les danses et chansons folkloriques de Russie ou de Géorgie. Certaines connues, d’autres tout aussi savoureuses de leur brillant répertoire.
Quatre danseuses en ancien costume régional de Kaluga, et un chanteur en blouse blanche, pantalon et bottes noirs, accompagné de son instrument, ont joué et dansé avec charme et finesse des mélodies très anciennes de cette région, tout en faisant virevolter leur petit mouchoir blanc.
Sous les pas vifs et saccadés de leurs bottines noires, leur longue robe ivoire ou rouge avec motifs, leur blouse blanche aux manches bouffantes ornées de dessins originaux s’amplifiaient et prenaient mille couleurs. Leur foulard rouge à petites fleurs noué derrière la nuque enserrait leur tête, tandis qu’un long cordon garni d’un gland à franges ceinturait leur corps jeune et souple.
Une petite fleur pour nous faire plaisir : le Chœur nous a interprété avec solistes, une chanson populaire suisse-alémanique « Chatli ». Merci pour ce clin d’œil au pays !
Et si la vivacité du dernier morceau nous rappelait la force du forgeron tapant son fer rougi, autant on se rappelait la première chanson : « A toi Vierge Marie, notre forteresse indestructible ».
Tout le langage de cet art vocal russe a mis en exergue cette force de vivre, de chanter et de danser quelques soient les aléas de la vie.
Un magnifique concert, fortement applaudi dans l’aula comble, légèrement écourté vu l’enchaînement de cette programmation de ce dimanche russe avec le film Rusalka « la Sirène » d’Ana Melikian, Russie 2008, de Ciné-Versoix.
Judicieuse collaboration. Quelle excellente idée d’avoir osé cette diversité pour rendre plus lumineux cet automne !                    Lucette Robyr

auteur : Lucette Robyr

<< retour