24.11.2012 par TM
num.225 fév. 2013 p.06
Bécassine: M. le Maire met des points sur les ı

M. Genequand, Maire de Versoix, fort d'images satellites, de plans et d'explications assez limpides désirait mettre des points sur des ı encore sans chapeau. Si l'expression est assez rude, elle reflète néanmoins le caractère un peu intransigeant du personnage, pourtant prêt à dialoguer si le temps et les piles de papiers à traiter sur son bureau de Conseiller Administratif le lui permettent !

En fait, il tenait d'abord à rappeler l'origine de la plage dite de la "Bécassine", divisée en deux parties par des ronces (voir les Versoix-Région précédents). Avant, l'accès à l'îlot formé sur la digue de la parcelle 5057 (image) était bien moins commode et seule une toute petite plage prolongeait le domaine de l'Institut Forel, mais la Mairie décida d'abattre une digue il y a quelques années, et de laisser les cailloux s'accumuler sur le rivage pour agrandir ladite plage.

Seulement, le propriétaire de la parcelle susmentionnée n'a pas tellement apprécié que son terrain devienne un champ pour les "rave parties" (sic) le samedi soir. Alors, l'on suppose qu'il n'est pas enclin à enlever les ronces dont on lui attribue l'acte paysagiste.

Le problème étant que les ronces en question, maintenant substituées par une barrière, rendent l'accès à la deuxième plage impossible au sec. Ce que M. Genequand souligne, c'est justement qu'il s'agit à l'origine de deux plages différentes et qu'on accédait à l'époque à cette dernière "à la nage ou en bateau".

Le nœud survient alors quand on évoque la Loi Fédérale sur l'Aménagement du Territoire (LAT) et son article 3, qui recommande de laisser les rives le plus accessible possible et continues dans leur accès pour le public. En clair, le propriétaire aurait dû laisser quelques mètres pour passer avant de planter sa haie pour légitimement protéger sa parcelle. Seulement, l'affaire n'est pas du ressort de M. Genequand, et n'est non plus pas traitable à l'échelle communale, mais il suggère que si l'on s'arme d'un peu de patience, d'ici une poignée d'années, les cailloux auront fini de se déposer sur le rivage et l'on pourra à nouveau passer d'une plage à l'autre.

Il justifie le fait que la Mairie ne s'engage pas plus que dans un rôle d'intermédiaire (qu'elle a déjà joué dans cette démarche) avec la visible inapplication de cette loi en de nombreux endroits ; et il envisage difficilement que l'on force l'ambassade de Chine ou du Japon à laisser un passage aux bords des rives qu'elles occupent. De même, il trouve politiquement peu avisé de fâcher de "gros contribuables" habitant au bord du Lac Léman.

Il soulève là une question délicate, car il se trouve que la LPRLac (Loi sur la Protection des Rives du Lac) vient contredire la LAT, en ce fait qu'un chemin trop facile et trop populaire autour du Léman constituerait une atteinte évidente à la faune. De ce fait, les officines en charge du problème au niveau cantonal n'aiment pas trop l'idée que l'on fréquenterait plus que nécessaire certains tronçons de rive. Du coup, cela fait le jeu des propriétaires côtiers qui se délectent parfois de leur statut de privilégiés, mais M. Genequand a raison : on ne peut pas prétendre appliquer la loi dans ces conditions. Alors, même si certains affirment que les rives de Versoix sont comparativement très fermées, la Mairie n'est pas tenue d'appuyer cette demande si elle n'en fait pas le choix, l'autorité compétente n'est pas non plus cette dernière et si M. le Maire a raison, alors les cailloux élargiront la plage et la "grande Bécassine" prendra alors son allure définitive.

En attendant et comme "patience et longueur de temps font plus que force ni que rage", notre Conseiller Administratif rappelle que le pont d'accès est dangereux (surtout pour les enfants) et doit encore être refait. Ainsi, comme l'attente est déjà recommandée, et même si la controverse n'est probablement pas près de s'étouffer, l'avenir seul sera en mesure de nous dire si beaucoup d'encre et beaucoup de bruit auront été vains, nécessaires ou superflus!

auteur : Thomas Mazzone

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