19.04.2012 par TM
num.218 mai 2012 p.10
Conseil municipal du 26 Mars 2012

C'est maintenant monnaie courante à la Maison du Charron: les discussions font trembler la salle, mais les objets sont votés d'une seule voix.
Les projets mettent effectivement un certain temps pour se réaliser et les délibérations les concernant se multiplient. Personne ne veut donc bloquer l'avancée de la politique entreprise, ce qui équivaudrait à revenir sur les décisions, à tout rediscuter sans cesse pour finir par ne brasser que de l'air. Cependant, à chaque dépassement de crédit, on en profite pour rappeler que celui-ci n'avait pas été prévu lorsque le projet avait été accepté; à chaque vote qui a pour seul but la continuation d'une entreprise à long terme, on saisit désormais l'occasion pour discuter de politique passée et à venir. Et au-delà de ceci, cela permet au public d'avoir une oreille contre la porte close des commissions, légalement soumises au secret.

D'ailleurs, ce type de séances semble attirer la population, et à ce rythme-là, les gens s'en arracheront bientôt les places sur le marché noir. Oui, on finira un jour par manquer de sièges pour l'audience, avec un tel engouement. Au sein de ce public, M. Jombart, président du club nautique, venait remercier la Mairie de s'être portée caution de l'emprunt de cette association et de lui avoir cédé un morceau de parcelle à posteriori, les travaux ayant déjà commencé. Ceci inspirait M. Genequand (PLR) dans une plaisanterie sur ce vice de forme, heureusement sans conséquence. A côté de lui, également membre du club nautique, l'ancien Maire et Conseiller Administratif libéral M. Schneckenburger venait assister au départ de sa fille Doris (PLR), que remplace le jeune M. Adrien Maréchal, pour alimenter un souffle de renouveau qui avait ravagé le CM de onze de ses membres au printemps dernier.

Ensuite, M. Trummer, chef du service des bâtiments et également présent, venait assister à l'exposé d'un projet en forme de chaussette, auquel il avait activement participé. L'objet en question, une modification du complexe Versoix Centre-Ville, implique l'achat de 50 places de stationnement supplémentaires dans un parking souterrain qui prend alors la forme d'un "L", d'où l'idée de l'appeler "chaussette" (sic). 142 places sous le bâtiment administratif "C" pour un total de 385 à Versoix-Centre, c'est ainsi qu'il en a été décidé unanimement par le CM. Accolé à ceci, une avancée en porte-à-faux qui pour un gain de 100 mètres carrés dans ce même bâtiment porte l'augmentation du crédit d'investissement à 3.6 millions de francs.
Une décision, une discussion et M. Kummer (Verts) de perpétuer cette tradition. Mieux, il se faisait l'inspirateur de ce compte-rendu, du moins de son introduction, puisqu'après avoir salué la clarté du projet, il mettait en avant l'aspect "concours de beauté" du vote, demandant si le crédit total aurait pu être refusé, soulignant ainsi l'absurdité d'un suffrage, quand les lignes directrices sont définies au préalable. Il laissait également, planer un certain sentiment d'amertume implicite quant à d'autres projets refusés pour moins que ça. En clair, le VRAC* avait été mal accueilli sous un argument financier d'envergure deux fois plus petite que la somme présentement débloquée. De son côté, M. Leiser (PLR) se félicitait de cette option prise sur l'avenir.

Et puisque c'est d'avenir dont il est question, le CA a décidé de donner suite à la motion non partisane pour encourager le développement de l'énergie photoélectrique datant de 2011. A cet effet, un crédit de 166'000 francs a été approuvé dans le but de recouvrir de panneaux solaires le toit du bâtiment de la voirie Lachenal, avec la promesse qu'au moins deux autres édifices suivront très prochainement. L'école Ami-Argand, qui s'est avéré être le plus favorable des sites et des toits étudiés est incontestablement en tête de liste. Cela étant, une partie du projet s'est vue critiquée par M. Jaussi (Verts). S'appuyant sur le fait que l'une des vertus avouées du texte de ce crédit est d'encourager la population à se lancer dans une installation photovoltaïque, il s'est dit insatisfait qu'on n'ait pas pris l'initiative d'un contrat de rachat à prix fixe et avantageux pour les années à venir. Ne le suivant pas dans son inquiétude, M. Malek-Asghar (PLR), à qui l'avenir donnera peut-être raison quant à son flair financier, a rappelé que quelque soit la formule choisie, l'installation serait de toute façon bénéficiaire. Pourtant, M. Jaussi a maintenu que sans un exemple quantifié, on pourrait empêcher qu'une dynamique ne se crée. Plus spécifiquement, il estimait que l'enthousiasme espéré pourrait ne finalement pas se profiler, sans le support d'un chiffrage précis et positif sur une quinzaine d'années. D'où il insistait sur la nécessité de prendre un contrat S.I. à prix fixe, rapportant peut être un peu moins d'argent en fin de compte, mais constituant un exemple plus concret. Alors si la majorité du CM ne s'est pas laissée convaincre par l'intérêt de cette démarche, Versoix-Région rappelle ici, qu'une installation solaire bien située, associée à un contrat de rachat à prix fixe chez les S.I. est rentable en une dizaine à une quinzaine d'années, le tout sans nécessairement acheter des panneaux chinois. La Commune se fournira d'ailleurs uniquement en Europe, et même partiellement en Suisse.

Puis, voyant que le ton de la polémique était latent, M. Piccot (PDC) s'est lancé dans une compétition visant à attribuer la palme du pionnier du solaire dans la Commune, contestant donc à la Mairie son statut auto-proclamé et citant entre autre l'installation quasiment industrielle dont il est co-propriétaire. Ceci a alors induit l'intervention de M. Rothlisberger (SP) qui rappelait fermement que la Fondation Samuel May avait ouvert le bal du photovoltaïque bien avant la Mairie, sur un immeuble à Courvoisier.

En tout cas, l'engouement autour des cellules de silicium a certainement de quoi faire rougir M. Schwarzenegger, qui avait inauguré en grande pompe son ONG, R20, basée à Versoix, et qui désire pousser certaines parmi les plus grandes villes à coopérer dans diverses mesures d'économie d'énergie; on espère que le tout se fera sans dommages collatéraux! Quoi qu'il en soit, M. Lambert (PDC), présent à l'inauguration, s'en est retourné sain et sauf!

Presque en fait divers, mais pour rappeler qu'elle existe, la fondation Samuel May s'est vu octroyer l'aval du CM pour poursuivre une densification à la sauce locale sur le terrain "du Levant". Au menu, un petit immeuble à toit pointu devance dès lors le Plan Directeur Cantonal 2030 dont les tenants et aboutissants restent encore incertains. Une stratégie qui pourrait empêcher une catastrophe architecturale et organisationnelle à Versoix, c'est du moins ce que pourrait penser M. Leiser, qui s'est réjoui de cette progression.

Encore dans la catégorie des faits divers, M. Piccot remettait encore une fois son bon sens sur la table pour rappeler que le trottoir au Bourg n'avait toujours pas été rabaissé - il en avait fait la demande - et, interrompu dans son élan oratoire, il répondait aussi à M. Kummer au sujet de la fibre optique, apparemment déjà disponible sur demande.

Troisième point de dissension: le CA, qui avait eu la maladresse de planifier au budget une augmentation de son indemnité (sans la faire voter en tant que telle), s'est vu contraint de répéter cette démarche. Comme il n'était pas non plus question de faire marche arrière, c'est sans s'opposer que M. Jaussi a demandé quelle était la base de cette bonification. Malgré un argument qui consistait à dire que ni cahier des tâches ni grilles horaires ne convenaient, la rumeur circulait néanmoins que les chefs de service étaient mieux payés que leurs Conseillers Administratifs. Cette contradiction révèle que cette façon de voir les choses ne tient que sur une jambe. Certes il est difficile d'évaluer les temps de travail, qui varient en fonction des personnes, des périodes et des dossiers, mais les élus concernés s'en font une idée plus ou moins précise, ce que soutient l'existence d'une telle rumeur.
Alors, un petit calcul nous renseigne: pour un jeton de présence estimé à 200 francs, soit deux fois la valeur d'un nouveau jeton au CM (augmenté de 80 à 100 francs), on obtient un temps de travail équivalent à un 50% environ. Avec leur salaire ainsi ajusté, on retrouve aussi une indemnité légèrement plus élevée que le montant versé aux chefs de service au final. Par conséquent, la réalité est certainement proche de cette estimation. La légitimité de cette augmentation s'accordant avec certaines conceptions ou idéologies (et peut-être moins avec d'autres), le débat pourrait enfin être ouvert. Car il n'y a pas tant de reproche à faire sur le fond, mais sur la forme, sur la façon dont on nous présente des objets, qui ne sont certes pas toujours faciles à aborder, mais qui demanderaient tout de même plus de clarté.**

Et puis on passe à un autre reproche, cette fois un peu injuste, d'une habitante de la route des Fayards en désespoir qui demandait à la Mairie d'intervenir dans une zone privée pour une histoires de parcages sauvages et répétés. Or, la Mairie n'a aucun moyen d'action sur une propriété qui ne lui appartient pas. On ne peut qu'espérer que la régie se prenne aussi en main.

Et enfin, pour contraster et positiver, alors qu'on fête les dix ans du poste de police de Versoix, le Festival du Chocolat s'est déroulé pour la neuvième fois en mars dernier. La formule novatrice, à cheval sur deux jours, pour une durée doublée, s'est vue coiffée d'un franc succès et M. Malek-Asghar envisage de réitérer l'expérience. Il précise que seul le mauvais temps pourrait rendre la fête un peu trop longue, mais confiant, il ajoute que le soleil a toujours été au rendez-vous!


*Voir "L'envers du décor financier de Versoix" à l'adresse http://www.versoix-region.ch/index.php?page=150&obj=1522
**Voir "Pour que la finance se démocratise (deuxième partie)" dans ce numéro

auteur : Thomas Mazzone

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