23.11.2011 par RL
num.214 déc. 2011 p.03
Le modèle Californien de l'«économie verte»

Dans le VR 211 (Septembre 2011) un article informe qu’une nouvelle organisation, le Region 20 (ou R20) s’est installé à Versoix. Cette organisation, crée par un fameux Arnold Schwarzenegger, a comme but de « réunir des acteurs infraétatiques (régions, villes métropoles), afin de répliquer, à travers des projets concrets, le modèle Californien de l’«économie verte». »

Depuis toujours, l’image que les médias ont cultivés au sujet des Américains est diamétralement opposée à l’idéal écologique Européen. Le citoyen Européen a tendance à généraliser les clichés et créer un négatif stéréotypé du comportement écologique du citoyen Américain. A titre d’exemple, le pick-up surélevé et sur motorisé est l’élément privilégié des fantasmes que le citoyen Européen porte sur le citoyen Américain. Mais ces généralisations aboutissent-elles à une réalité contemporaine ? Qu’en est-il de ce modèle Californien de l’économie verte ?

Les Américains font, depuis plusieurs années déjà, des efforts considérables. Des mesures ont été entreprises afin de limiter l’empreinte écologique des Etats-Unis (EU). Ce n’est pas par hasard que le secteur de la gestion de l’environnement fait des EU le premier dans le monde par sa puissance avec un total de 115'200 sociétés (chiffres 2003). C’est avec ces efforts qu’en 2010, les EU n’occupait plus que la cinquième place (devancés par les Émirats Arabes Unis, Qatar, Danemark et la Belgique) au niveau mondial des pays avec la plus grande empreinte écologique. Au niveau purement énergétique, en cinq ans (entre 2000 et 2005) la production globale d'énergie éolienne a été multipliée par trois, celle du photovoltaïque par six, celle du carburant à base d'éthanol par deux et celle du biodiesel par quatre. En 2010, 8% de l’énergie consommée aux UE était d’origine renouvelable, alors qu’en Suisse elle n’était que de 6% (dans les deux cas, hors hydraulique). Bien sûr, les EU restent le plus grand consommateur mondial d’énergie, mais cela est du à sa taille. En effet, per capita les EU sont actuellement devancés par beaucoup de pays, en particulier, par des pays Européens tels que l’Islande et le Luxembourg. Dès lors, il apparait clairement que les généralisations faites au sujet de la fibre écologique Américaine ne sont plus d’actualité. Des pays d’Europe consomment, per capita, bien plus d’énergie que les EU.

Aux EU un État en particulier se distingue et fait figure de proue en prenant fièrement le cap écologique. Il s’agit de la Californie, où des mesures plus vastes couvrant les domaines énergétiques et écologiques sont appliquées de manière plus pragmatique qu’au niveau national. Les efforts vont de la limitation de la pollution jusqu’à un fort investissement dans des systèmes innovants de production d’énergie de source renouvelable. Ces investissements portent leurs fruits, puisque qu’actuellement près de 12% de l’énergie Californienne est d’origine renouvelable (hors hydraulique), alors que selon les objectifs de la Confédération, la Suisse devrait produire 10% en 2030... Du côté de la consommation, alors que les Californiens ne représentent que 12% de la population total des EU, ils ne consomment que 7% de l’électricité produite dans le pays. Il y a par conséquent un fort signal politique : il ne s’agit pas seulement de produire, mais aussi de consommer moins et de consommer mieux. Il faut remarquer que cette analyse ne prend pas en compte l’énergie d’origine hydraulique, pour la quelle la Suisse dispose d’une avance considérable (même au niveau mondial) avec presque 56%. Aussi, bien d’autres domaines pourraient être abordés, mais le but ici était simplement de faire un tour d’horizon du modèle Californien, des efforts investis et finalement des fruits qui en découlent. Ce tour d’horizon montre que finalement, ce modèle Californien de l’économie verte correspond à une volonté politique qui par des mesures et applications pragmatiques développent de manière soutenue l’économie liée à l’environnement, tout en soutenant l’indépendance énergétique et le bien être des populations.

Certes, la Californie reste derrière la Suisse dans un bon nombre de domaines, soit ils énergétiques ou écologiques. Néanmoins, l’économie verte qu’elle développe lui permet de rapidement mettre en pratique des stratégies concrètes. L’avance que nous avons ne durera pas éternellement si nous n’innovons pas.

A titre d’exemple (illustratif car il ne s’agit en aucun cas de comparer notre Commune à l’État de Californie, le pouvoir politique et économique n’étant pas de la même ampleur), dans notre commune il y a un projet en discussion pour installer des panneaux solaires sur les bâtiments de la commune (à chaque fois qu’il sera techniquement possible). En Californie, à l’effigie de l’économique verte, est en discussion un projet de loi obligeant les promoteurs immobiliers à installer un système d’énergie solaire sur toute nouvelle construction. Face à cette disparité de mesures et d’objectifs, pourquoi ne pas joindre cette association ? Pourquoi ne pas appliquer ce modèle à Versoix ?

Soit donc le bienvenu le R20, et espérons que notre Ville saura rapidement rejoindre cette nouvelle organisation.

auteur : Ricardo Lima

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