26.08.2011 par TM
num.211 sept. 2011 p.10
Un avenir sous le signe du débat?

Après deux mois d'attente, le compte-rendu du conseil municipal ne se fait probablement plus désirer, tant l'information est ancienne et tant les différents projets ont pu mûrir pendant la trêve d'été. Certes les choses ont certainement été plus intéressantes à plusieurs lieues de nos contrées, mais cela a indéniablement affecté nos régions, en tout cas économiquement. De nouvelles problématiques s'annoncent donc, avec lesquelles nos élus vont devoir jongler, et, peut-être même faire reconsidérer ce retour sur terre après s'être laissé voguer au courant de l'été, jusques à prendre des chemins plus à propos, plus sensés, en quelque sorte.

D'ailleurs, outre les problématiques qui n'ont quasiment fait office que de citation, telles que le choix du camion tonne-pompe, la création de trois places d'apprentissage dans la commune ou la mise en service de la crypte (située dans le bâtiment de l'EMS), on a eu droit à deux débats très animés, comme si les prémices de changements de plus grande envergure avaient déjà été annoncés au début de l'été, car ce type d'évènements commençait à se faire rare, à la maison du Charron.

Premier débat

Ainsi, alors que de jeunes enthousiastes désiraient, d'une part, demander la reconduction de l'expérience de la patinoire, avec une modeste pétition d'environ 250 signatures, les commerçants de la Place du Bourg, d'autre part, portaient un regard différent sur la situation et s'inquiétaient, plus généralement, de la fermeture aux voitures de la place et de l'effet presque immédiat sur la clientèle. C'est une problématique aux facettes multiples, mais résumons en les faits.

En décembre, la place du Bourg sert à loger une patinoire de 300 mètres carrés, presque incohérente, pour une cité portant le label "de l'énergie", mais celle-ci plait à une partie de la population. Le conseil administratif, après avoir prolongé d'un mois ce premier jet dans l'art de la glisse, décide de ne pas rouvrir la place comme parking, profitant du vide occasionné pour rénover le Bourg.

Les commerçants, qui s'étaient timidement plaints des retombées sur leur chiffre d'affaire, de l'aspect pratique ou encore de la concurrence engendrée par la buvette, passent d'un état d'inquiétude ambiante à une détresse plus profonde, puis à la colère, car enfin, le coup de la patinoire, puis la place, avec sa poignée d'occupants pour combler le vide, ça n'a pas fait bonne impression à tout le monde.

Alors que le CA n'est pas disposé à entrer en matière pour réhabiliter ce parking de fortune, il semble néanmoins urgent de trouver une solution, en rassemblant les commerçants et les députés pour convenir d'un arrangement, plus efficace que le parking provisoire de la Scie. Il est clair que, sans voitures, la place est devenue plaisante, séduisante, même, mais quand le commerce local a fonctionné pendant des décennies en se basant sur l'acquis des places de parc, il est indispensable de lui trouver une bouée de secours. C'est pourquoi les commerçants, dans la mesure de leurs disponibilités, sont venus en nombre pour faire entendre leur voix. Et les solutions ne manquent pas, que ce soit au niveau des riverains qui occupent les routes, des agents qui ne contrôlent pas les zones bleues et de certains collaborateurs qui encombrent les places inutilement.
Le reproche des commerçants à la Mairie n'est pas précisément d'avoir changé cette place, mais de ne pas avoir été pris en compte, ni même consultés, d'où l'urgence de réévaluer la situation. La présidente a promis que le nécessaire serait fait et plusieurs idées ont déjà été évoquées.

Deuxième débat

Ce deuxième débat s'est joué un peu plus haut, du côté du chemin Franconis, où l'on aimerait bien déclasser les parcelles de la ferme que le feu a détruite il y a trois ans. Le terrain, en zone agricole, a été désassujetti (sans qu'on n'ait été clair sur ce que cela implique) et il semblerait que cela soit un argument en faveur de son déclassement.

Il est également important de préciser que le terrain possède trois parcelles, mais que deux d'entre elles uniquement forment gabarit de l'ancienne ferme, dans lequel on souhaite bâtir un petit immeuble.

Dans un débat, où se sont affrontés les verts et leurs opposants socialistes et bourgeois, où les arguments ont sifflé sur les têtes, avec tour à tour MM. Leiser, Kümmer, Piccot, Richard, Rothlisberger, Sauter, Jaussi et M. le Maire, on a finalement accepté ce terrain comme zone à bâtir, par dix-huit "oui", deux abstentions (verte et MCG) et cinq "non" (verts), un clin d'oeil au clivage gauche-droite et aux similitudes entre les différents partis, évoquées lors des élections au CA.

Parmi les raisons citées, on a évoqué le fait que les trois parcelles étaient affectées ensemble, et l'idée, presque irrationnelle, qu'elles fussent indivisibles, ou bien la peur, encore plus floue, qu'à l'avenir, tout le terrain n'y passât. Puis, s'est posée la question de l'utilité de ce vote.

Si ce préavis, comme certains le disent, n'avait pas de poids et que c'était un vote politique, comme il a été argumenté du côté "déclassement", pourquoi devrait-on obligatoirement l'accepter? Pourquoi ne pas faire valoir un avis différent, en profitant pour introduire certaines composantes, peut-être ignorées à des niveaux plus élevés? La modeste proposition des Verts était de céder pour l'immeuble sur le gabarit de la ferme, en s'octroyant une garantie sur la portion de terrain supplémentaire, en évitant de la déclasser. Trop compliqué, trop fastidieux, trop long pour un simple préavis, les arguments les plus irrationnels ont fini par prendre le dessus. Quant à M. Rothlisberger, il a exprimé son mécontentement par rapport à l'attitude des verts envers le besoin croissant de logements.

Mais M. Sauter a surpris tout le monde, en lui rappelant que si la croissance de la population genevoise était si forte, il faillait peut-être s'attaquer à ses causes, et qu'au rythme actuel de bétonnage en zone agricoles, la Suisse n'aurait plus de terres à cultiver d'ici deux siècles et demi. Ainsi, il demande, ne serait-ce qu'une seconde, de penser aux causes de cette attractivité, à cette idée chimérique d'attirer toujours plus de multinationales et suggère d'arrêter la fuite en avant, à la place de rehausser les bords du bassin.

La pertinence de l'argument n'a toutefois pas suffi à changer l'issue du vote.

auteur : Thomas Mazzone

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