16.08.2011 par ALBB
num.211 sept. 2011 p.06
L'année du bénévolat

Qu'y a-t-il de commun entre un chef scout, un chauffeur qui amène gracieusement un malade chez le physio ou une catéchiste ? Le bénévolat.

Non, ce n'est pas une maladie ! Malheureusement, cet état d'esprit, ce dévouement est une denrée rare et les bénévoles une race en voie de disparition.

Qu'est-ce qui pousse des gens à avoir envie de participer à la vie communautaire "gratuitement" ? Il est indéniable que la reconnaissance sociale qui récompensait ceux qui se donnaient a disparu. Parfois, même, elle est remplacée par une forme de mépris. Un comble !

Le plaisir d'un sourire, le moment privilégié avec un enfant ou une personne âgée, un secret partagé, un éclat de rire en bonne compagnie…. tous ces instants ont une valeur inestimable pour ceux qui savent l'apprécier.

Notre société a évolué et s'est mercantilisée. Elle n'est plus humaine, mais devenue financière. On a rien sans payer. La majorité des adultes travaillent et leurs préoccupations professionnelles ne leur laissent guère de temps de s'investir dans les loisirs bénévoles. Priorité est donnée à des activités plutôt individuelles que collectives.

La vie s'est compartimentée, individualisée. Autrefois, on avait besoin des voisins pour se distraire, jouer, partager la perceuse ou le journal. Aujourd'hui, chacun est équipé pour tout et, surtout, a l'impression de vivre avec son temps par écrans interposés. (Presque) chaque foyer est équipé de TV ou autre ordinateur, alors pas besoin de chercher un contact auprès de ses proches puisque on a l'impression de vivre dans le village planétaire grâce aux images en direct.

Le monde professionnel est beaucoup plus stressant et les travailleurs n'ont plus d'énergie pour s'investir gracieusement. Même en dehors des heures de bureau, ils continuent à œuvrer pour leur entreprises, non seulement en y réfléchissant, mais en répondant aux appels et autres courriels… Le travail envahit la vie privée, il n'y a plus de barrière. De plus, la peur du chômage crée une concurrence entre collègues et provoque une atmosphère de travail malsaine.

Une certaine presse crée la psychose et a su installer une ambiance de méfiance. On a peur de toute personne qu'on ne connaît pas ou "différente"… Trop jeune, trop poli pour être honnête…

Natels, emails, les communications sont omniprésentes, mais les voisins ne se parlent plus !

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les effectifs de bénévoles se réduisent comme peau de chagrin. Les sociétés locales en font les frais.

Il est frappant de constater que dans les régions où la population possède moins, les gens se connaissent mieux et font preuve de solidarité. Un exemple tout simple : si l'on doit marcher pour se rendre quelque part, on parle avec celui à côté duquel on chemine alors qu'il est impossible de converser avec le chauffeur de la voiture voisine…

Les cours donnés (sport, musique, etc) ne peuvent plus être offerts. En effet, les moniteurs "gratuits" n'existent plus. Les jeunes ont besoin d'argent pour leurs propres activités ou vies. De plus, dans la nouvelle mentalité ambiante, ils seraient responsables en cas d'accident… alors pourquoi œuvrer gracieusement alors que c'est prendre des risques ?

2011 a été décrétée "l'année du bénévolat". Pour dénoncer une cause perdue ou pour réveiller les consciences endormies ? Dans ce monde de bouleversements où l'avoir a supplanté le (bien-)être, peut-on rêver d'un sursaut ?

Quel monde la population désire-elle ? Celui de d'Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes) écrit en 1932 ou une société plus empathique envers les autres ?

A chacun d'y répondre à sa façon ! Un sourire, c'est gratuit et contagieux ! Porter le sac d'une personne âgée à la sortie d'un commerce (pas pour le voler !) prend quelques minutes mais le sourire de remerciement en vaut peut-être la chandelle.

A l'heure de la rentrée, toutes les sociétés locales proposent des activités intéressantes. Une occasion de rencontres, de découvertes, de nouvelles amitiés.

Inscrire ses enfants à des cours : un dû ? Avez-vous pensé au travail que demande leur organisation ? Faut-il qu'ils disparaissent pour que la population réagisse ?

Ne soyez pas timides ! Vous seriez accueilli à bras ouverts dans n'importe quelle association : culturelle, sportive, d'utilité publique: vous avez l'embarras du choix ! Les quelques heures que vous offrirez vous seront rendues au centuple au travers de contacts humains dont la valeur est inestimable.

Peut-on imaginer que, en 2011, nos associations voient leur effectif d'adultes augmenter ? C'est ainsi que les manifestations pourront perdurer (cours, kermesse, spectacles, expos, concerts et autres fêtes). Tous ces événements, que le public apprécie (et critique bien sûr !) ne pourront continuer que si de nouvelles mains se joignaient aux équipes d'organisation. Vous aimez faire la fête ? Alors, bienvenue aux clubs !

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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