26.05.2011 par SZ
num.209 juin 2011 p.05
Les secrets de la Versoix

La Versoix n’est pas seulement une belle rivière. C’est aussi un cours d’eau qui a de longue date été utilisé comme source de production d’énergie. Il n’a désormais plus de secrets pour ceux qui ont participé aux promenades organisées les 14 et 15 mai derniers dans le cadre du festival du développement durable.

Ils étaient peu ces promeneurs. Sans doute la Fête de la jeunesse y est-elle pour quelque chose. La météo incertaine aussi. Une faible participation qui n’a rien enlevé à la motivation de Jean-Claude Mulli, membre de l’Association pour la sauvegarde du Léman (ASL) et Jean-Pierre Moll, pêcheur versoisien, pour transmettre avec passion leur savoir tout au long de la promenade.

L’itinéraire partait de l’école Adrien Lachenal et se terminait à l’embouchure. D’aucuns diront que la distance était bien courte pour une balade. Et pourtant, il aura fallu deux heures pour la parcourir, rythmée qu’elle était par de fréquents arrêts. Dans quel but ? Observer, découvrir, comprendre, tout ce qui d’habitude échappe au regard ou à la curiosité.

Un canal qui date du 18e siècle

Pour rejoindre la Versoix, on commence par longer le canal. Jean-Claude Mulli saisit l’occasion pour raconter l’histoire de ce cours d’eau: « Ce canal dont la prise d’eau sur la Versoix se situe à la Bâtie, porte en son lit la signature de Voltaire et Choiseul.
En effet, c’est au 18e siècle que les deux compères élaborent le projet de transformer Versoix en une ville concurrente de Genève. Pour en approvisionner le cœur en eau potable, ils font construire ce canal qui reste à ce jour une des rares traces de ce plan abandonné. »

Plus loin, on rejoint la Versoix dont la récente renaturation offre un spectacle très bucolique. Jean-Pierre Moll nous invite à repérer les truitelles nageant à contre-courant. Au premier regard difficilement visibles pour les non-initiés, c’est finalement un festival de petits poissons que l’on découvre ici et là.

Et le pêcheur d’expliquer que « grâce à la renaturation, les truites et les ombles peuvent désormais remonter tout le courant jusqu’à Divonne ».
En effet, le cours d’eau a retrouvé une dynamique naturelle grâce à la démolition du barrage des Usiniers devenu vétuste, et au reprofilage du lit et des berges.

Microcentrale hydroélectrique

Le temps semble s’être arrêté dans la petite centrale hydroélectrique qui permettait à la papeterie de recevoir le complément de courant pour fonctionner 24 heures sur 24. Une rupture de l’axe de la turbine en 1983 a provoqué l’arrêt de son exploitation.
Abandonnée en l’état comme un musée poussiéreux, elle a permis d’illustrer à merveille comment était produite l’énergie nécessaire à la fabrique.

En rejoignant à nouveau le canal vers la chocolaterie et jusqu’à la route suisse, on découvre toute une série d’installations utilisant également l’énergie hydraulique, comme des moulins à grains, à tan, à papier et à foulons, mais aussi scierie, atelier de taillanderie et filature. Nombreux commerces du centre profitaient donc des ressources énergétiques offertes par la rivière et ses canaux.

Aussi, l’itinéraire de la promenade didactique aura permis d’évoquer quantité de thèmes liés à l’eau et au développement durable. Au final, l’impression pour les promeneurs versoisiens d’avoir découvert les secrets de leur rivière, alors qu’ils croyaient déjà bien la connaître.

 

auteur : Sandra Zanelli

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