09.09.2019 par FK
num.292 octobre 2019 p.13
A la découverte du Verger de Saint-Loup

A la découverte du Verger de Saint-Loup.

Vous êtes-vous déjà arrêtés ? Avez-vous déjà ralenti pour admirer le Verger de Saint-Loup et ces quelques 20'000 pommiers et poiriers ? ? Cultivés par la famille Serex, ce verger n’offre pas moins d’une quinzaine de variétés de fruits dont la production nécessite un long et patient travail tout au long de l’année.

L’histoire de la grande ferme de Saint-Loup est étroitement liée à celle du Château du même nom, qui est passé en de nombreuses mains de sa création à sa destruction (voir à ce propos le site de l’Association du Patrimoine Versoisien : patrimoine.versoix.com).
C’est en 1952 que les propriétaires d’alors, les Vecchio, ne pouvant plus assumer les frais d’entretien du domaine, décident de s’en défaire. Les bois - allant de la Versoix à la route des Fayards - sont vendus au Canton ; le Château - avec son parc s’étendant jusqu’au chemin de Dessous-Saint-Loup - à un promoteur et la grande ferme - avec ses cultures de blé et de colza, ses prairies et son élevage laitier- à André Serex, fermier-locataire à Chambésy.
En 1963, c’est le début d’une reconversion vers l’arboriculture avec la plantation du premier verger basse-tige de golden et de starkrimson ainsi que…le départ des vaches laitières.
En 1978, aux côtés des pommiers, André Serex plante les premiers poiriers, avec le souhait de toujours mieux satisfaire ses client-e-s.
C’est en 1983 que Michel et Pascal, les fils d’André, reprennent l’exploitation. La surface du verger, qui couvre environ la moitié des 30 hectares du domaine, reste la même, mais ils s’attachent, ensemble, à renouveler les cultures, diversifier les variétés de fruits et développer la vente de proximité, que ce soit à la ferme ou aux commerces proches du verger.

Après avoir nourri une famille, le verger en nourrit aujourd’hui deux, ainsi qu’un employé à l’année et sept autres au moment de la taille et de la récolte. Preuve donc que cela fonctionne plutôt bien économiquement, malgré les nombreux aléas auxquels il faut faire face.
Parce que, si le moment de la cueillette est un beau moment, le processus qui permet d’y arriver est tributaire des caprices de la nature.
Ceux-ci ne donnent d’ailleurs droit qu’à très peu de compensation sous forme d’assurances : les dégâts dus au gel ne sont pas couverts ; ceux occasionnés par la grêle, oui, mais la franchise est tellement élevée qu’il est plus avantageux de protéger ses cultures par des filets…
Les agriculteurs bénéficient toutefois du système de « paiement direct » de la Confédération. Cette aide, qui ne permet pas de vivre mais apporte une certaine sécurité et des liquidités, est conditionnée au respect d’un cahier des charges adapté à la spécificité de l’exploitation (agriculture, élevage, etc.) et dont la mise en œuvre est rigoureusement contrôlée.
Tout cela n’empêche pas les exploitants de souligner à quel point la production de pommes et de poires est passionnante et dynamique, en particulier lorsque l’on découvre une nouvelle variété qui a souvent nécessité de longues années de recherche avant d’apparaître.
Et puis, chaque jour est particulier, chaque saison est différente, même si l’année est rythmée par des temps forts comme ceux de la taille (décembre à avril), de la floraison (avril-mai) et de la récolte (fin août-octobre).
Ainsi, cette année 2019, la chaleur de février a entraîné un réveil précoce des insectes avec les risques occasionnés pour les bourgeons alors que la baisse marquée des températures en mai, après une belle floraison en avril, a nécessité de protéger les arbres contre le gel… Et la récolte a démarré, avec 7 à 10 jours de retard relativement à 2018….mais les fruits sont beaux, appétissants et la palette riche d’au moins 12 variétés ! A vous de dire s’ils sont bons puisque la vente a débuté le 14 septembre, avec la traditionnelle journée d’ouverture !

Si une telle exploitation doit composer avec les aléas de la nature, elle doit également faire face à aux changements sociétaux et aux problématiques liées à la protection de l’environnement.
Les frères Serex se demandent donc de quels outils et de quels antiparasitaires ils vont disposer à l’avenir pour protéger leurs cultures. Ils évoquent à ce sujet les votations de 2020 concernant les deux initiatives populaires intitulées, l’une «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse", et l’autre "Pour une eau potable propre et une alimentation saine". A noter que ces deux initiatives utilisent dans leur formulation le mot « pesticide » plutôt que celui de « produit phytosanitaire », qui serait plus correct puisque le produit vise à protéger la bonne santé des plantes. A relever également qu’aucune de ces initiatives ne parle de la pollution de l’eau via les médicaments. Les résultats de ces votations seront bien sûr déterminants pour l’avenir des cultures.
Les deux frères se demandent aussi comment et à quel rythme le climat général de consommation va évoluer ces prochaines années…

Mais…l’une des grandes questions en suspend est celle de la relève….Pour Michel et Pascal, le moment de la retraite approche. Les apprentis dans le domaine de l’agriculture sont peu, trop peu nombreux : 16 nouveaux CFC en arboriculture en 2019, dont seulement 6 romands….Parce que ces métiers, bien que passionnants, nécessitent des prises de risques importantes et imposent un rythme de vie bien particulier qui retiennent sans doute des jeunes, dont beaucoup aujourd’hui ont grandi en milieu urbain, de se lancer !

Francine Koch

Horaires d’ouverture et de vente du Verger de Saint-Loup :
Automate, 7j/7 à toute heure
Samedi, vente de 9h à 17h (septembre à mars)

Pour plus d’informations : www.pomme.ch

 

 

auteur : Francine Koch

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