20.11.2014 par TM
num.244 décembre 2014 p.20
CM de Novembre: le centime additionnel fait débat

Au Conseil Municipal, il était question du Budget, mais, en plus de cela, on put apprendre la bonne opération de la Commune sur les places de parking rachetées à moitié prix pour améliorer l’offre du Park & Ride ; la construction d’une parcelle provisoire sur le site du Molard en attendant qu’on règle un problème de glissements de terrain ; et l’augmentation de la masse salariale, selon de nouvelles normes, de la Fondation Espace de Vie Enfantine, EVE.

Mode philosophique imposée par Yves Richard (Verts), président du CM, - et ce n’est pas pour nous déplaire - ce sera donc du Rousseau pour ouvrir les hostilités: “Les citoyens d’un même Etat, les habitants d’une même ville, ne sont point des anachorètes, ils ne sauraient vivre toujours seuls et séparés.” Il nous promet d’ailleurs, après le “Contrat Social”, du La Fontaine pour la prochaine fois, suite à une intervention pour le moins amusante de Jean-Claude Röthlisberger (SP) et teintée de ce parfum-là. Nous ne pouvions, dès lors, résister à un contraste culturel, car sans culture (commune), le sens du politique se ternit et s’anéantit. Il est amusant de voir, en effet, qu’en antithèse de la politique de coalition, qui privera toujours certains des magistrats de leur poids, la démocratie de Rousseau (que les nobles n’ont eu de cesse d’humilier) se rapproche, alors, plutôt de la royauté de la Fontaine dans sa fable “Les Membres et l’Estomac”. En œuvrant tous en symbiose, les organes font fonctionner un corps, mais lorsque le royal estomac n’est nourri, “les pauvres gens [tombent] en langueur”. Pour “[nous ramener] dans [notre] devoir”, concédons que l’homme et ses systèmes ne sont pas parfaits, mais que cette réflexion (à propos de la coalition), tous les cinq ans maintenant, s’imposera toujours aux élections!

C’est ce qui préfigurait ce débat sur le budget 2015. Au milieu des accusations d’électoralisme d’un côté comme de l’autre, on finit par conclure que l’équilibre du budget ravissait tout le monde, mais que la baisse d’un et demi dans le centime additionnel faisait office de ligne de partage. Verts et MCG s’abstenant d’accepter le budget, les Socialistes Progressistes le refusant, on eut, au résultat de ce vote nominal, 15 “oui”, 6 abstentions et 3 “non”.

Pour M. Jaussi (Verts), avec un budget et des charges excédant de trois millions celles de la présente année, avec encore de nombreux projets à venir (piscine couverte, salle omnisports…), il n’est pas raisonnable de baisser ainsi le centime additionnel. Pour M. Angelo (MCG), les doutes sur la péréquation et les besoins sécuritaires ne sauraient justifier une telle baisse du centime.

En faveur du budget, M. Leiser (PLR) est attentif aux besoins concernant le sport, mais il ne considère pas que celui-ci est un dossier défavorisé, tel que l’entendaient alors les deux députés qui l’ont précédé dans la discussion. Dans la même ligne, M. Chappatte (PDC), s’enthousiasmait de l’équilibre et de la croissance vécue par la Ville, estimant qu’il était temps de rendre des comptes à la population plutôt que d’équilibrer ceux-là sans arrêt, et que le meilleur moyen pour le faire, ne pouvait être autre que cette baisse du centime.

M. Marro (SP), lui, s’inquiète des estimations à la baisse (jusqu’à 40% apparemment) des rentrées fiscales sur Versoix. M. Kummer (Verts) regrette qu’un seul vote puisse exprimer à la fois un choix sur le budget et sur la baisse du centime additionnelm: il ne perçoit surtout pas le sens d’une telle politique baissière au vu des merveilles que nous promet la coalition dite “bourgeoise” pour l’avenir. Pour surenchérir, M. Röthlisberger pense qu’on ferait surtout face à un risque d’explosion, comme, toujours, “La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf”. Les gains potentiels (sur des rentrées fiscales supplémentaires par un phénomène “d’attraction”) qu’on nous fait, ainsi, miroiter ne seraient qu’une flatterie de Renard!

Enfin, tant M. Riat que M. Hurni (PLR) se félicitent de la baisse “audacieuse” du centime, malgré la réalisation des chantiers qui chamboulent et re-dessinent Versoix.

M. Malek-Asghar, Conseiller Administratif (PLR) en charge du budget, remercie tous les députés pour ce débat, avec également une pensée amicale pour ceux qui ont refusé. Il estime comprendre leurs craintes et inquiétudes, mais affirme, vu le ratio très défavorable entre population et rentrées fiscales, que les règles de péréquation devraient jouer en notre faveur. Pour la suite, il estime que l’arbitrage financier, éventuellement en faveur du sport, relèvera des prochains exécutifs en charge, alors que le centime additionnel, qu’on est généralement très réticent à augmenter, devrait poursuivre sa course vers l’objectif qu’il a fait sien: rejoindre la moyenne cantonale de 42 (contre 45.5 après acceptation du présent budget). Selon lui, le cadre économique établi comporterait, certes, quelques risques, mais il serait raisonnable.

Pour notre fable à nous, et puisque la séance se conclut ainsi, une habitante aurait visiblement un contentieux avec l’entreprise de construction en charge de Versoix Centre-Ville pour des dégâts occasionnés sur sa propriété. M. Genequand (PLR) se chargera d’en être l’intermédiaire. Espérons surtout que cela ne présage pas un déluge de déconvenues à cause d’une politique dont les ambitions auraient malencontreusement dépassé les moyens engagés! Si les évaluations divergent sur la question, ce qu’enseigna “L’Ours [aux] Deux Compagnons”, c’est “qu’il ne faut jamais vendre [sa peau] qu’on ne l’ait mis par terre”. En tout cas, il semblerait qu’heureusement, rien n’ait encore été vendu.

auteur : Thomas Mazzone

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