09.08.2012 par TM
num.221 sept. 2012 p.12

L'or et le franc fort un an après: actualité économique

Alors que les plans se multiplient pour "sauver l'Euro" et que les euros que la BNS a achetés pour dévaluer le Franc suisse menacent de s'écrouler, qu'en est-il de l'or qui est resté stable, voire qui a légèrement perdu de sa valeur par rapport au dollar?
Premièrement, il a souffert d'une loi pour le moins bizarre qui a changé la réglementation sur les transactions, les rendant plus coûteuses.
Deuxièmement, plusieurs banques au bord de la faillite ont été obligées par d'autres banques aux dents plus longues brader leur métal jaune, et leur or de papier.
Troisièmement, il est de plus en plus difficile de trouver de l'or réel au prix de l'or-papier.

Fort de ces trois considérations, il est nécessaire d'expliciter que l'idée en achetant des pièces et des lingots d'or et éventuellement d'argent n'est pas de devenir plus riche, mais de transporter ses économies au fil du temps, sans être victime des dévaluations et des faillites bancaires. C'est pourquoi il est nécessaire de procéder à l'ancienne et de garder son or caché et sécurisé chez soi. Oui, ce n'est pas très pratique, mais l'argent sera probablement bien plus sûr à la maison qu'à la banque, lorsque celle-ci se servira dans ses coffres pour organiser sa liquidation.

Le message vous parait pessimiste? Bien, voici sur quoi il repose: le dollar est sous perfusion depuis plus d'un an, date à laquelle l'Amérique (USA) est entrée en état de faillite technique. Quelques calculs à partir des statistiques du Bureau of Labour Statistics (bls.org) permettent une évaluation du chômage réel dans la nation anciennement la plus riche du monde. Quelque soit le mode de calcul, on arrive à plus de vingt pour cents. Autre statistique intéressante, plus de 15% de la population vit de coupons alimentaires.

Myret Zaki, rédactrice en chef du magazine "Bilan" et versoisienne d'origine, revient sur les raison de la chute du billet vert dans son ouvrage "La fin du Dollar". mais chose qu'elle n'avait pas prévue et sur laquelle elle est revenue dans plusieurs articles ou conférences, les spéculateurs américains, notamment le Hedge Fund de George Soros, parient depuis des mois sur un défaut de payement de la Grèce et appellent dans le Financial Times les autres investisseurs à les suivre dans leur démarche afin de leur donner plus de poids.

Par cette manoeuvre, ils espèrent garder ouvert un puits sans fond chez les Hellènes pour que l'Euro s'effondre avant le dollar, dont ils pourraient ainsi couvrir la fin et leurs acquis dans cette monnaie. Pour qu'on ne puisse pas observer la chute symétrique du dollar et de l'Euro, il est important que les banquiers entrainent l'or et l'argent dans cette descente. Ainsi, la banque JP Morgan possède par exemple plus de six milliards de dollars en paris boursiers baissiers sur l'argent. Dans une interview accordée à la télévision américaine, l'opérante de la JP Morgan Blythe Masters reconnaissait ce fait et affirmait que le paris boursier en question n'avait d'autre objectif que l'intérêt de ses clients, puis elle ajoutait d'un ton presque insolent, que le contraire "serait très mal" et qu'ils (elle et sa banque) "ne le font pas". Quand on connait la propension des grands banquiers à respecter les règles d'éthique et à dire la vérité, on peut en douter.

Dans cette lignée, l'économiste contestataire américain Max Keiser a calculé que si chaque américain achetait la pièce d'argent la plus modeste, cela suffirait à couler cette banque et il a donc lancé une campagne intitulée: "Achetez une pièce d'argent, coulez la JP Morgan!"

Cela étant, on pourrait se demander si de nos jours, l'or et l'argent n'ont pas une valeur que très symbolique? Il est vrai que la première denrée recherchée en cas de crise est toujours alimentaire, mais lors des nombreuse faillites locales qui arrivent régulièrement dans les régions les plus défavorisée du monde, on voit que les attitudes ne trahissent pas l'Histoire et que les gens adoptent soit les monnaies fortes, soit l'or et l'argent.

L'on pourrait alors se dire que le franc suisse est une monnaie forte, mais dans un cas d'effondrement simultané de l'Euro et du Dollar, avec les réserves d'euros de la BNS, le franc suisse et les banques suisses, à majorité possédées par des actionnaires étrangers (qui n'hésiteront donc pas à puiser là où c'est possible) ne pourrait pas perdurer en autarcie et la Suisse se retrouverait fatalement entrainée dans l'oeil du cyclone. Comme la politique économique suisse n'a pas l'air de suivre cette direction et que les initiatives parlementaires sur le rapatriement de l'or ou encore sur la création d'un "franc-or" ont peine à avancer, la perspective n'est pas suffisante pour préparer l'hivers sur ces bases, mais comme le fait remarquer le journaliste spécialisé dans l'économie Pierre Jovanovic, c'est grâce à la JP Morgan qu'on peut encore acheter de l'or à bon prix!

Quelles alternatives aux métaux précieux?

L'or, c'est une épargne plus sûre qu'un compte bancaire, mais il y a beaucoup d'autres méthodes de se prémunir d'une crise. Les thèse "survivalistes", par exemple, préconisent le stock de nourriture ou le développement d'un potager à bon rendement. Acheter des outils qui nous permettront de travailler et de nous déplacer (éventuellement sans carburant) sera toujours un bon investissement. Par contre, on évitera d'acheter le dernier écran "plasma", surtout à crédit. D'ailleurs, prendre des crédits en espérant que l'économie s'effondrera est une mauvaise idée par contre, car il existe toujours des closes qui permettent de convertir et de vous prendre plus de valeur réelle que vous en avez empruntée. Posséder une résidence secondaire dans une campagne reculée serait une autre sage précaution, à condition d'avoir les moyens de la rejoindre en cas de coup dûr. Ainsi que toutes les idées, souvent les plus terre à terre, que vous pourrez trouver!

auteur : Thomas Mazzone